L’association Kyklos, est l’une des rares à donner des cours de danses traditionnelles grecques en France. Elle rassemble tous les jeudis soir, les amoureux de la Grèce pour danser en cercle.
Du bleu et du blanc, la salle de la Maison Queneau est peinte aux couleurs de la Grèce. Dans cet espace associatif du 18e arrondissement de Paris, pas question de danser le Sirtaki. « Une danse qui n’existe même pas en Grèce ! », lance Cathy, une adepte et animatrice de danse grecque. En effet, le Sirtaki est une danse créée spécialement pour Zorba le Grec, le film qui la rendue célèbre. Une danse « plus impressionnante que les danses traditionnelles », ce qui explique sa création pour le grand écran selon Cathy.
Tous les jeudis soir, l’association Kyklos se réunit avec des adeptes de danses grecques. Fondée en en octobre 1994 par un groupe d’amis passionnés par la Grèce et sa culture, c’est l’une des rares associations à organiser des ateliers et des stages de danses en France.
« Une énergie qui passe »
L’atelier commence. Odile, l’une des animatrices enclenche la sono. Dominique lui aussi animateur et président de l’association se lance en tant que premier de file et montre rapidement les pas de Klistos, une danse originaire de Thessalie. Des pas simples en apparence qui consistent en des allers-retours d’avant en arrière et de droite à gauche. Le tout en se tenant les mains et en tournant en demi-cercle.
Les danses grecques se pratiquent en groupe. Tout le monde se tient et fait les mêmes mouvements. Difficile donc de se synchroniser et de mémoriser les changements de pas. Pour ça il faut être à l’écoute de ses partenaires, concentré et ne pas forcément se synchroniser avec la musique.
Ce grand moment de collégialité est précieux et recherché par les adeptes. « Il y a une énergie qui passe », raconte Françoise. Tout le monde se tient les mains et tourne en cercle, le sourire aux lèvres aux sons des cornemuses, des clarinettes, des luths et des tambours qui résonnent dans les enceintes.
Ouverte à tous, l’association rassemble des membres qui ont tous une attache particulière avec la Grèce. Un voyage, l’apprentissage de la langue, « et d’autres parce qu’ils ont acheté ou loué une maison », glisse Stella, une membre de l’association avec ironie. Cathy qui atteint presque les 70 ans, a habité Athènes pendant 16 ans avant de revenir en France. « J’ai appris les danses grecques pour garder un lien avec la Grèce ». Elle ajoute : « pleins de gens deviennent mordus de ce pays, parce qu’il y a tellement d’entrées. Pour certains ça peut être la culture ou la langue ».
Rabia, 47 ans est d’origine tunisienne et nouvelle dans l’association. « J’ai vu une danse grecque pratiquée par des étudiants à la Cité internationale universitaire, où j’étais ». Ce moment est resté dans un coin de la tête de sa tête, avant qu’elle ne se décide à prendre des cours. « Il n’y a pas beaucoup d’assos qui en proposent, j’ai galéré pour trouver. Il faut vraiment être motivé ! ».
Syrtos, Trata ou Klistos
Au fur et à mesure de l’atelier, Odile écrit sur une feuille le nom de la danse pratiquée et la région grecque dont elle est originaire. Après le Syrtos sta tria, danse très populaire en Épire, tirant son nom des pas effectués dans trois directions, place au Trata. Cette danse traditionnelle commémorative est performée tous les deux ans à Megara en Attique et célèbre le succès de la pêche. Au total 16 danses de 6 régions différentes seront pratiquées ce soir-là.

Ancienne carte postale montrant le Trata pratiqué par les femmes de Megara en Attique (Crédit : domaine public)
Dominique montre les mouvements et marque les rythmes. « Pause, hop, hop, pause, hop, hop ». Les danses sont parfois ponctuées de variantes. Dominique est si à l’aise, qu’on pourrait croire qu’il est d’origine grec. « Pas du tout, je suis seulement dans l’association depuis ses débuts. C’est comme ça que j’ai appris les danses grecques ». « On n’est pas une communité grecque ici. On rassemble soit des gens qui aiment la Grèce, soit des gens qui aiment la danse, soit des gens qui aiment les deux ! » ajoute le président de Kyklos.
Pratiquées dans les fêtes de village les danses grecques rassemblent tout le monde. « En Grèce c’est parfois 200 personnes qui dansent, dans le même cercle. On va boire un coup, on ressort, on revient », explique Odile. Rien à voir avec le cercle de 13 personnes dans la salle ce jeudi soir, mais l’énergie y est. « Le cercle est toujours ouvert, avec un premier de file. C’est le premier qui est libre de tous ses mouvements, les autres doivent rester synchronisés et assurer le tempo ».
Sandy, 33 ans est d’origine grecque. Elle est souvent allé dans son pays d’origine avec sa famille. « A différents moments de l’année, il y a les panigyria des fêtes de villages en l’honneur des saints. Tous les villages ont leur propre danse. C’est des gros fêtards les Grecs ! ». Elle rappelle l’ambiance festive de la capitale, Athènes, assurant y avoir dansé « au moins trois fois par semaine ». « L’été, les Grecs ne partent pas beaucoup à l’étranger. Ils vont sur les îles dans les fêtes traditionnelles ».
En plus, des ateliers, l’association organise des stages avec des danseurs grecs. « Des pointures », précise Odile. « Tout ce qu’on a appris, c’est avec ces professeurs. On n’apprend pas tout, tout de suite », ajoute Stella. Le prochain stage aura lieu fin mai à Lalacelle, en Normandie. Vangelis Karotsis y enseignera les danses des îles Andros et Cyclades, tandis que Andreas Papoukidis transmettra les danses des régions Voio et Kymina de Macédoine.