La fête de l’indépendance grecque est officiellement célébrée le 25 mars. Dès la veille, les célébrations commencent dans la capitale, avec un défilé des élèves grecs de tout âge. Une manière de les inclure dans la commémoration.
Robe rayée rouge et blanc à motif, gilet sans manche et chapeau rouge vif sur ses cheveux bruns, Despina arbore un grand sourire. Elle vient de finir de défiler pour la fête de l’indépendance grecque, l’une des deux fêtes nationales du pays. “On représente les femmes et les hommes du Péloponnèse (péninsule au sud-ouest d’Athènes, ndlr). Nous sommes très fiers d’être là aujourd’hui,” raconte-t-elle devant les colonnes de l’université d’Athènes. Derrière elle, ses camarades du lycée de Kalávryta se prennent en photo pour immortaliser ce moment spécial. Ici, l’ambiance est à la fête. Les autres jeunes continuent de défiler sous les applaudissements de la foule.
Cela fait 50 ans cette année que les jeunes de Kalávryta lancent la parade des scolaires pour la fête nationale. Ils ont cet honneur depuis la fin de la dictature des colonels, en 1974. Située à près de 3 heures de route d’Athènes, cette petite ville de 1.500 habitants a été la première ville touchée par les combats lors de la guerre d’indépendance grecque en 1821, face à l’Empire ottoman.
“Nous ne prenons pas les choses pour acquises”
Marios, 17 ans, lycéen de Kalávryta
Venir représenter sa ville, c’est une grande joie pour Marios. À 17 ans, il est en dernière année au lycée. Dans sa tenue traditionnelle, chapeau rouge, jupe blanche et gilet bordeaux à motifs dorés, il prend un air grave quand il évoque l’histoire de Kalávryta. “Il y a eu beaucoup de morts pour que nous ayons notre indépendance,, explique-t-il en regardant les autres étudiants parader. Nous sommes fiers de notre histoire. Nous tenons vraiment à notre liberté, à notre liberté d’expression en particulier, mais nous ne prenons pas les choses pour acquises.”
Malgré la “déclaration d’amitié et de relations de bon voisinage” signée par les présidents turc et grec en fin d’année 2023, Marios et Despina craignent un nouveau conflit. “Nous avons peur de ce qui peut se passer avec la Turquie, notamment sur les îles dans la mer Égée.”
L’histoire délaissée par certains élèves grecs
Le parvis de l’université d’Athènes se remplit progressivement, à mesure que les classes finissent de défiler. La plupart des lycéens de Kalávryta sont déjà repartis avec leurs parents, venus spécialement pour l’occasion. Professeur de maths au lycée Kalávryta, Anna Scapeti veille sur ses troupes. C’est elle qui est chargée de ramener Marios et Despina dans le Péloponnèse. “Les gens sont contents de nous voir passer, assure-t-elle. Ça nous permet d’honorer les premiers Grecs à être morts pour leurs familles et leurs amis.”
Cette célébration n’est pas bien comprise par tous les jeunes qui défilent, d’après Despina. Malgré leur présence dans la parade, les élèves grecs ne sont pas tous conscients de ce que représente cette date. “On veut faire en sorte que plus de personnes connaissent l’histoire de notre pays, et qu’ils respectent ce qu’ont vécu les Grecs à l’époque pour qu’on soit libre,” affirme la jeune femme. Qui s’empresse de se mêler aux autres jeunes costumes traditionnels pour profiter du moment.










Reportage photo : Charles Plantade